Différence entre Contrat de construction de maison individuelle (CCMI) et  vente en l’état de parfait achèvement (VEFA)
par Me Zakine

 

En matière immobilière, deux contrats éminemment importants dictent les relations entre un constructeur et un acquéreur : le contrat de construction de maison individuelle (CCMI) et la vente en l’état de parfait achèvement (VEFA).

Bien que ces deux modalités soient souvent assimilées, elles présentent des distinctions cruciales qui nécessitent une attention particulière.

Définitions des CCMI et la VEFA :

  1. Contrat de Construction de Maison Individuelle (CCMI) :

Le CCMI est un contrat encadré par la loi n° 90-1129 du 19 décembre 1990, dite « loi Spinetta ». Il engage un constructeur à réaliser la construction d’une maison individuelle pour le compte d’un acquéreur. Ce contrat prévoit une garantie d’achèvement ainsi qu’une garantie de parfait achèvement.

  1. Vente en l’État de Parfait Achèvement (VEFA) :

La VEFA, quant à elle, est régie par les articles L. 261-1 et suivants du Code de la Construction et de l’Habitation. Elle consiste en la vente d’un bien immobilier en cours de construction ou à construire. Le promoteur immobilier vend alors un bien qu’il s’engage à construire dans les délais et conditions convenus avec l’acquéreur.

Distinctions Clés :

  1. Nature du Contrat :

Le CCMI est un contrat de construction où le constructeur s’engage à édifier une maison individuelle selon les spécifications convenues avec l’acquéreur. La VEFA est un contrat de vente portant sur un bien immobilier en cours de construction ou à construire.

  1. Responsabilités :

Dans le cadre du CCMI, le constructeur est responsable de l’ensemble du processus de construction, de la conception à la livraison. L’acquéreur est le maître d’ouvrage et le chantier est suivi par le conducteur de travaux du constructeur. En VEFA, le promoteur est responsable de la construction du bien vendu, mais également de sa commercialisation. Le promoteur est le maître d’ouvrage. Le chantier est suivi par un maître d’œuvre ou un architecte.

  1. La date de livraison du bien : 

Dans le cadre d’un CCMI, la date de livraison est généralement fixée de manière précise et détaillée dans le contrat. Cette date constitue un engagement contractuel de la part du constructeur envers l’acquéreur. En cas de retard dans la livraison, le constructeur est tenu de verser à l’acquéreur des pénalités de retard, sauf en cas de force majeure ou de faute de l’acquéreur.

Contrairement au CCMI, la date de livraison en VEFA est souvent moins précise et peut être soumise à des aléas liés à l’avancement des travaux. Le contrat de VEFA fixe généralement une période estimative de livraison, plutôt qu’une date exacte. Les parties conviennent alors d’une fourchette de temps dans laquelle la livraison devrait intervenir.

  1. Les indemnités ou pénalités en cas de retard : 

 

En matière de CCMI, les pénalités de retard sont généralement calculées sur une base quotidienne : 1/3000e du montant de la construction par jour de retard (fixé par la Loi).

Cette somme due au titre des pénalités de retard peut s’additionner à tout autre préjudice subi notamment le préjudice moral ou un préjudice financier lié aux loyers versés indument (préjudice locatif) ou encore lié à la location d’un box ou d’une place de stationnement.

Il s’agit de dommages et intérêts alloués en sus des pénalités de retard.

Le contrat de VEFA ne prévoit pas de pénalités de retard comme dans le CCMI à moins que le contrat n’en dispose autrement. Dans ce cas, il convient de les calculer autrement et prendre en considération tous les préjudices subis. Voici les principaux préjudices que l’acquéreur peut subir en cas de retard de livraison en VEFA également applicables au CCMI :

  • Préjudice financier :

Le retard dans la livraison du bien peut entraîner des frais supplémentaires pour l’acquéreur, tels que le paiement des loyers ou des mensualités de prêt immobilier pour le logement actuel de l’acquéreur. L’acquéreur peut également subir une perte financière si le retard dans la livraison impacte ses projets immobiliers ou ses investissements, notamment en cas de revente ou de location du bien.

  • Préjudice moral :

Le retard dans la livraison peut générer du stress, de l’anxiété et de l’incertitude pour l’acquéreur, qui voit son projet immobilier retardé. L’acquéreur peut également être contraint de prolonger sa situation de logement actuelle, ce qui peut être source d’inconfort et d’insécurité.

  • Préjudice matériel :

En cas de retard important, l’acquéreur peut être contraint de trouver une solution de logement temporaire, ce qui peut engendrer des coûts supplémentaires. Le retard dans la livraison peut également entraîner des désagréments logistiques et organisationnels pour l’acquéreur, notamment en ce qui concerne le déménagement et la gestion de ses biens.

  • Préjudice de jouissance :

L’acquéreur peut être privé de la jouissance paisible de son bien immobilier pendant la période de retard, ce qui constitue un préjudice en soi. En cas de retard significatif, l’acquéreur peut être privé des avantages et des caractéristiques spécifiques du bien immobilier qu’il a choisi, ce qui peut altérer son confort et sa satisfaction.

  • Préjudice de projet :

Le retard dans la livraison peut compromettre les projets de vie et les plans futurs de l’acquéreur, notamment en ce qui concerne la planification de son déménagement, de son aménagement intérieur ou de ses projets professionnels liés au bien immobilier. Il est important de noter que les préjudices subis en cas de retard de livraison en VEFA ou CCMI peuvent varier en fonction de la durée et de l’ampleur du retard, ainsi que des circonstances spécifiques de chaque cas.

 

  1. Garanties :

Le CCMI et la VEFA prévoient une garantie d’achèvement et une garantie de parfait achèvement au bénéfice de l’acquéreur, offrant une protection étendue contre les défauts de construction. En VEFA comme en CCMI, l’acquéreur bénéficie des garanties légales de parfait achèvement, de bon fonctionnement et décennale, qui couvrent respectivement les malfaçons, les équipements et les dommages affectant la solidité de l’ouvrage.

En somme, bien que le CCMI et la VEFA aient pour objet la construction d’un bien immobilier, leurs caractéristiques et régimes juridiques diffèrent significativement. Il est primordial, pour les parties impliquées, de bien appréhender ces distinctions afin de sécuriser au mieux leurs droits et obligations dans le cadre de leurs transactions immobilières. Ainsi, une consultation juridique spécialisée demeure souvent recommandée pour éviter tout litige ultérieur et garantir une parfaite exécution des contrats.

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